À l’usage des vivants
À l’usage des vivants   -   À l’usage des vivants Survivre. Par des chants discontinus. Raconter ; être ce témoin qui a vécu ou n’a pas vécu...

Fuyant le Nigéria, Semira Adamu est arrivée en Belgique en 1998. Détenue dans un centre fermé proche de l’aéroport de Bruxelles, elle meurt étouffée avec un coussin lors d’une sixième tentative de rapatriement forcé. Vingt ans après, Pauline Fonsny remet en scène cet “assassinat d’État” qui avait secoué le plat pays et conduit à la démission du ministre de l’Intérieur de l’époque. Le récit de À l’usage des vivants, mené à deux voix, est structuré par le témoignage de Semira – incarnée à l’écran par la peintre nigériane Obi Okigbo – et en voix off, l’adaptation d’un texte que la poétesse belge Maïa Chauvier a écrit après le décès de la jeune femme. Pour contourner l’interdiction de filmer dans les centres, la cinéaste a fait appel à des maquettes qui permettent de visualiser la topographie précise des lieux où sont encore parqués les demandeurs d’asile. Au terme de cette puissante évocation documentaire, le constat est amer. Les “barbelés de la honte” se sont multipliés, des policiers peuvent ouvrir le feu sur une camionnette transportant des exilé-e-s et tuer une fillette de deux ans, sans être inquiétés.
Emmanuel ChiconVisions du Réel

Survivre. Par des chants discontinus. Raconter ; être ce témoin qui a vécu ou n’a pas vécu.
Née sur un territoire qui n’existe pas, morte quand on ne trouve pas les détours.
Être parmi les histoires clandestines sans grand H, sans frontières.
Des contagions c’est tout…
Être parmi les flammes fragiles sous les pluies artificielles, les grandes machines escortées de boucliers et de matraques avançant, carnivores de visages en plein jour.
Une nuit, être parmi les torches qui percent l’isolement des camps quand de l’intérieur, on entend les cris « liberté ».
Cela se passe ici, cela se passe ailleurs, hier et aujourd’hui des barbelés, des foulards qu’on agite derrière des fenêtres…
Alors ielles ont rompu le silence, le cri ne suffisait plus, il lui fallait le geste…
IElles ont brisé les barbelés. Pas toutes. D’autres étaient dans des cellules en isolement total.
IElles ont couru à travers les champs, L’instant resplendissait.
IElles ont migré,
Où sont-ielles, où sont- ielles dans quel pays, quelle importance ?
Ielles sont nés tant de fois, avec des noms multiples, devenus innommables.
Espérer qu’ielles balafrent les nations, qu’ielles leur échappent,
Espérer sans espoir. Les évasions sont rares… s’appeler tant de noms…

Maïa ChauvierChamps libres
ImagePierre de Wurstemberger, Lou Vernin
VoixMaia Chauvier et Obi Okigbo
SonAlice Lemaire, Nathan Foucray, Michel Bystranowski, Jean-Noël Boissé
RéalisationPauline Fonsny
MontagePauline Fonsny, Ismaël Joffroy-Chandoutis
ProductionContre-ciels ASBL
MaquetteCéline Devos
MusiqueAlice Perret
Sitehttps://www.facebook.com/alusagedesvivants/

Revue de presse