« Nous avons couru après une idée simplement vivable d’amour, tenté de la dessoucher de tant de déséquilibres, dans les corps, et de tant de supplices, dans les rêves, hors de la plantation : ce qui fait que l’amour a souvent composé pour nous un fiel au doux sirop, nous désirions y boire en chemin, sans nous arrêter, mais que, tout réellement, ce fut aussi comme un figement, qui nous laissait stupéfaits au bord de l’allée des Soupirs.
Le fiel’amour.
Nous tentons chaque fois de fermer d’écume ces maisons, nos cayes, pour vérifier si nous pouvons tenir dedans.
Ce qui est obscur dans le conte est ce qui nous meut, nos corps tout immobiles.
D’autres peuples ont fréquenté ces géhennes, d’autres paysages. Leurs cris vont en nous.
Les pays vous laissent : des paroles à gravir, des pierres entassées, des souffrances à nu.
« Corolle nous te prions
« N’approche pas le brasier. » »
Édouard Glissant