Mémoire des vagues
Nous avons manifesté à Gênes en 2001
Dans un large mouvement regroupant des personnes d’horizons multiples
Qui visait l’émancipation
La construction d’un autre commun
Et la fin du capitalisme
Nous avions entendu les menaces du gouvernement Berlusconi
Tentant de décourager la venue des manifestant-e-s
Une chronique de la mort annoncée
Une organisation de la peur mise en place avec un show télévisé
Or trois cent mille personnes sont venues
Ont rompu avec l’intimidation
Vincenzo Vecchi en faisait partie
DADA
DADA ;
abolition de la logique, danse des impuissances de la création : DADA ;
abolition de toute hiérarchie et équation sociale installée pour les valeurs par nos valets […] DADA ;
abolition de la Mémoire : DADA ;
abolition de l’archéologie : DADA ;
saut élégant et sans préjudice, d’une harmonie à l’autre sphère.
Aux îles de tous les vents
des terres qui sautent très haut
pas assez cependant pour que leurs pieds ne restent pris au pécule de la mer mugissant son assaut de faces irrémédiables
faim de l’homme entendu des moustiques et soif car ce sont pains allongés pour un festin d’oiseaux sable à contre-espoir sauvé ou des bras recourbés pour recueillir au sein
tout ce qui s’allonge de chaleur hors saison
Ô justice midi de la raison trop lente il n’importe que sans nom à la torche résineuse des langues elles ne sachent que leur offrande terreuse en ce chant de trop loin
téméraire s’accomplit
Un temps de guerre
Je vis un temps de guerre. Je vis un temps sans soleil. Seul celui qui ne sait pas est un homme capable de rire. Ah ! triste temps présent où parler d’amour et de fleurs c’est oublier tant de gens qui souffrent tant de douleurs. Tout le monde dit que je dois manger et boire mais comment vais-je boire si je sais que ce que je mange et ce que je bois je le prends à un frère qui a faim, à un frère qui a soif, à un frère. Mais même ainsi, je mange et je bois, même ainsi, c’est la vérité. De vieilles croyances disent que vivre ce n’est pas lutter, que le sage est celui qui arrive à répondre au mal par le bien.
Comme les larmes
Comme les larmes montent aux yeux puis naissent et se pressent, les mots font de même. Nous devons seulement les empêcher de s’écraser comme les larmes, ou de refouler au plus profond. Un lit en premier les accueille : les mots rayonnent. Un poème va bientôt se former, il pourra, par les nuits étoilées, courir le monde, ou consoler les yeux rougis. Mais pas renoncer.
Défendre la joie
Défendre la joie comme une tranchée
la défendre du scandale et de la routine
de la misère et des misérables
des absences transitoires
et définitives
Quelques mots zapatistes et autres
Peur : « Ce que nous voulons, c’est pouvoir nous lever chaque matin sans que la peur soit à l’ordre du jour. La peur d’être Indiens, femmes, travailleuses ou travailleurs, homosexuels, lesbiennes, jeunes, vieux, enfants, Autres. Mais nous pensons que cela n’est pas possible dans le système actuel, dans le capitalisme. »